mardi 7 avril 2009

Soap&Skin / Lovetune for Vacuum + Numéro# / Sport de combat

  • Soap&Skin / Lovetune for Vacuum (PIAS - 6 mars 2009)

Un bal torturé, ou plutôt, le bal des torturés; je ne saurais pas trop comment décrire autrement le premier album de Soap&Skin, projet de la jeune Autrichienne Anja Plaschg. Vous pourriez tous écouter l’album en lisant ceci, mais ce n’est pas l’idéal. Alors voilà; le monde qui enveloppe Lovetune of Vacuum est inquiétant, sombre et fascinant. On imagine facilement une petite fille dans une robe bouffie en satin noir, contrastant avec son teint blême, jouant avec ses petites poupées en porcelaine, comme si elle jouait avec des répliques miniatures d’elle-même. Elle est seule et s’amuse naïvement, ne se doutant de rien. Et moi aussi, je ne me doutais de rien.

Du haut de ses 18 ans, Anja Plaschg nous étonne de sa sensibilité et de son flair pour les ambiances quasi gothiques qui planent sur Lovetune of Vacuum. Par contre, en lisant d’avantage sur la personne derrière Soap&Skin, on ne s’étonne peut-être pas d’apprendre qu’elle s’est toujours considérée comme étant assez marginale, même depuis sa plus tendre enfance. À travers les pièces de ce premier effort, transparaît une grande fragilité, mais aussi une sagesse amère qu’on reconnait chez les vieilles filles. Sa voix, très particulière, est aux allures d’une Cat Power légèrement plus jeune et plus innocente, mais l’ensemble de l’œuvre pourrait facilement se rapprocher des premiers albums de Cocorosie et même par moment en quelques clins d’œil, à Björk.

Chaque chanson semble être, à la fois, la complainte d’un amour fracassé, mais aussi celle d’une vie quelque peu troublée. Passant de la ballade piano-voix (Thanatos, Spiracle, en fait, pas mal tout l’album) à des essais du côté électronique (Marche Funèbre, DDMMYYYY, Fall Foliage) et même une ou deux pièces strictement instrumentales (Turbine Womb), Lovetune for Vacuum dévoile une douce mélancolie face à laquelle on ne peut rester de glace. (Vincent Lefebvre)


  • Numéro# / Sport de combat / Saboteur (14 avril)

« Pourquoi vivre autrement, tout est parfait, Digne, Héroique», voici les mots justes que l’on pourrait reprendre du nouvel album de Numéro# - Sport de combat, pour le qualifier. « Tout est parfait », c’est le titre de la deuxième chanson de ce deuxième album, sur lequel s’entremêle les instrumentations très « eurodance » et mélodiques de Pierre Crube, et les paroles ludiques et métaphoriques de Jérôme Rocipon. Ce duo, à la fois montréalais et bordelais, nous offre des pièces tant rythmées que mélancoliques, mais dans une subtilité incomparable. Différentes ambiances en ressortent, autant de la boîte de nuit à la tranquillité, avec de la guitare et de l’orgue synthétisée. Les musicalités, nous amènent dans un jeu étrange, quasiment un rêve. Derrière cela, le duo semble dénoncer quelque chose, mais c’est tellement abstrait que je ne peux mettre le doigt dessus. Les paroles marquent une grande évolution depuis leur premier album (L’idéologie des stars). Il y a beaucoup d’introspection cette fois ci. On dirait qu’ils se sentent vainqueurs, plus forts que jamais, comme si leur premier album leur avait donné un tremplin pour ce deuxième et que là, ils pouvaient se permettre d’écrire des poésies un peu plus sérieuses, un peu moins rose bonbon! (Catherine Bournival)