mercredi 5 novembre 2008

Ce qui entâme Novembre dans nos bacs



Eagles Of Death Metal – Heart On – 2008 - Downtown Records

À peu près au même moment où l’automne se pointe le bout du nez, il y a toujours un album qui semble apparaître sur les tablettes pour nous tirer de notre déprime saisonnière. Cette année, c’est Heart On, du duo californien Eagles Of Death Metal, qui vient nous rappeler que la vie n’est finalement pas si pire que ça. Ceux qui sont déjà familier avec EODM savent bien à quoi s’attendre : Du rock tout en simplicité, sans prétention mais bourré d’attitude qui a pour seule ambition de donner du plaisir. On remarquera une brève manifestation de maturité sur Now I’m a Fool ou encore How Can a Man with So Many Friends Feel So Alone, un côté de leur musique qui est la bienvenue, mais ne vous attendez pas à plus sentimentalité de la part de rockers moustachus et virils. (Yannick Valiquette)

En spectacle le vendredi 14 novembre @ Les Saints.


An Albatross – The An Albatross Family Album – Eyeball records

Mon image de POP Montreal 2008 : le chanteur de An Albatross qui traverse la salle après son show en hurlant comme un animal, torse nu, les cheveux baignant dans le sang qui coule son front. Le punk rock psychédélique et disjoncté du groupe est libérateur à un point tel qu’il nous fait perdre toute notion de la réalité. Sur The An Albatross Family Album, l’effet est décuplé par la participation de tous les gens qui ont été membres du groupe depuis 1999. Les flûtes, les saxophones, les synthés et les cordes s’emmêlent dans une course déchaînée et forment des mélodies complètement démentes. Surtout, les arrangements sont clairs et précis et les instruments ne se pilent jamais sur les pieds. Le disque comprend aussi des moments plus calmes qui amplifient le sentiment de folie qui s’en dégage. (Ariane Gruet-Pelchat)

Grails – Doomsdayer’s Holiday – 2008 - Temporary Residence

Il est de plus en plus complexe de catégoriser la musique de Grails. Le rock instrumental semble être la niche qui leur convient le mieux pour l’instant, mais cette niche devient progressivement étroite à mesure que le groupe de Portland avance. C’est que Grails est constamment en mouvement, ne se gênant pas pour emprunter, entre autres, des éléments au rock psychédélique, aux sonorités d’Europe de l’Est, à la musique ambiante, aux compositions d’Ennio Morricone et au rock stoner comme bon lui semble. Sur Doomsdayer’s Holiday, on fait face à une musique plus sombre et plus lourde qu’à l’habitude, enveloppée d’un impénétrable brouillard ambiant qui s’étend d’un bout à l’autre de l’album. Moins d’envolées psychédéliques donc, ce qui demande un peu plus d’attention de la part des auditeurs. Mais votre patience sera largement récompensée par l’immense richesse en textures qui se laisse apprivoiser tranquillement, mais qui garanti que vous n’en avez pas fini de sitôt avec cet album. (Yannick Valiquette)

Darling Demaes - A user guide to raising the dead (songs of spring)

Le premier album des Darling Demaes était attendu depuis un certain temps déjà par ceux qui étaient tombés sous le charme des huit pièces se trouvant sur Winter keep us warm sorti en 2007. Ils nous offrent enfin un album complet reprenant plusieurs titres retravaillés du précédent EP et renfermant des nouvelles compositions qui combleront les attentes des fans des Demaes. A user guide to raising the dead (songs of spring) nous parle des choses qui ne sont plus sur un ton mélancolique porté par les sublimes harmonies des voix de Erik Virtanen et de Tasha Cyr. Le rythme rapide des guitares est maintenant soutenu par la batterie sur des pièces comme With a magnifying glass ou Young mother, donnant ainsi un son plus indie aux chansons qui se trouvaient sur Winter keep us warm. L'album comporte d'ailleurs des nouvelles composition à saveur indie folk s'éloignant un peu du premier ep, qui avait une signature un peu plus folk, mais qui sont tout autant excellentes. Ceux qui aiment Arcade Fire et Belle & Sebastian y trouveront très certainement leur compte avec A user guide to raising the dead (songs of spring) de The Darling Demaes. Lancement au club Lambi le 7 novembre. (Simon Maltais Morand)


Asian Dub Foundation- Punkara- Rinse it out ltd

Les Asian Dub Foundation sont très associés au style drum’n’bass sur lequel ils apposent un contenu très politisé qui leur donne un côté quelque peu punk.

Dans leur nouvel opus Punkara, le groupe explore aussi les sonorités de ce genre. Né à Londres en 1993, le groupe a vu le jour dans une époque de tensions raciales en Angleterre. Plusieurs des membres sont issus de la communauté indo-pakistanaise de la ville et se font connaître avec leurs messages anti-raciste. C’est donc une véritable fusion de leurs origines (avec des rappels au style bhangra) e de leur pays adoptif, berceau des origines du punk rock, qui marquent leur musique. Sur cet album très éclectique, on retrouve aussi quelques références et à l’électro et au hip hop (à la Public Enemy). Le groupe collabore sur une pièce avec l’icône punk Iggy Pop qui partage le micro avec le chanteur Al Ranjen, nouveau venu dans la formation. Cette pièce n’est pas la plus réussie de l’album, qui est inégal de par quelques liens faibles entre les genres musicaux. Le disque en entier demeure intéressant, avec plusieurs moments aussi planants que dansants. (Léa Noémie Plourde-Archer)


Nicole Lizée - This Will Not Be Televised - Centredisques

Nicole Lizée qui conduit aussi les claviers de Besnard Lakes, nous offre This Will Not Be Televised regroupant cinq pièces essentiellement instrumentales. Les deux premières pièces, la pièce titre et RPM, représentent plus de 32 minutes, soit plus de la moitié du disque et intègrent des tables tournantes. Malgré la longueur de ces pièces, on reste accroché à ses écouteurs ne sachant ce qui nous attend dans les secondes à venir. La première pièce, This Will Not Be Televised, créée pour sept tables tournantes et un orchestre de chambre, a été recommandée par la CBC pour la tribune internationale des compositeurs de 2008 qui a placé l'effort dans le palmarès des dix meilleures nouvelles compositions. Ces compositions assemblent musique classique conventionnelle et musique populaire et urbaine à merveille. L'influence jazz est omniprésente et ce surtout dans les pièces suivantes, à l'exception des percussions expérimentales de la dernière pièce, Télévision. Un album qui mérite une attention particulière, mais qui vous charmera par sa complexité et son audace. (Eric Beaulieu)


Wintermitts – Heirloom - Indépendant

Wintermitts sont des écologistes convaincus et il font des actions en conséquence. En achetant leur dernier cd Heirloom, on reçoit avec les huit chansons un sac de grains pour planter des tomates. C'est ce sens de l'humour un peu hippie et très politisé qui caractérise le groupe. Côté musical, Wintermitts penchent vers un style éco-folk-rock-fantaisiste. Le côté fantaisiste des chansons vient de l'utilisation d'instruments non-conventionnels au folk comme la trompette, l'accordéon et le glockenspiel (instrument dans la famille des xylophones). Fait rare pour un groupe anglophone de l'Ouest canadien, plusieurs de leurs chansons sont interprétées en français. Les membres du groupe sont francophones pour certains, francophiles pour d'autres. Le groupe partage son amour pour cette langue, tout autant qu'ils partagent les tâches de composition et d'interprétation des chansons. Il n'y a donc pas de star dans ce sympathique groupe qui est à surveiller dans les prochaines années. (Léa Noémie Plourde Archer)